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mardi 21 février 2012

« De l’humour » est écrit ; « Des nœuds » suivra. De ces nœuds syntaxiques dont le poète fait tension du poème, qu’il considère comme la manifestation poétique de son système extrêmement nerveux d’inquiétude. Les nœuds internes sont rendus visibles sur l’axe syntaxique considéré comme une corde tendue. Deux poètes ont contribué à construire cette idée d’une syntaxe nodale : Charles Baudelaire, avec ce qu’il donne de sa considération de la prose en entrée des Petits Poëme en prose : « Quel est celui de nous qui n’a pas, dans un jour d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience » ; et Stéphane Mallarmé dans « La musique et les lettres » : « … parce que tout âme est un nœud rythmique… »

(Digression : à force de concentration rêverante sur le travail en cours et sur le sujet des nœuds dans la syntaxe, il vint au poète comme une évidence qu’il rumina l’espace d’un instant, celle-ci : un poème : « Du cadratin » : qui s’imposa comme il parcourait « Le mystère dans les lettres » de Mallarmé, parcours au cours duquel lui revint immédiatement en mémoire la raison pour quoi il adopta, après plusieurs années de tâtonnement et d’insatisfaction, le signe cadratin pour marquer l’achèvement d’un poème, signe largement employé par Mallarmé dans ses fragments du « Mystère », et qui frappa le poète alors, pour le formidable sentiment de vigueur qu’il laissait une fois la lecture du fragment achevé, ponctuant la belle énergie d’écrire, cadratin qu’il interpréta également comme invitation au dialogue avec le blanc qui suit, comme le tiret du discours direct, invitation, voire, au lecteur inconnu de prendre parole muette dans le vide blanc : derrière le cadratin, tout peut prendre la parole. Il adopta le signe définitivement assuré quand il découvrit, par la suite, la poésie en vers d’Emily Dickinson, criblée de cadratins en fin de vers, jusque parfois la saturation.

216
Safe in their Alabaster Chambers—
Untouched by Morning—
And untouched by Noon—
Lie the meek members of the Resurrection—
Rafter or Satin —and Roof of Stone !
Grand go the Years —in the Crescent —above them
Worlds scoop their Arcs—
And Firmaments —row —
Diadems —drop —and Doges —surrender
Soundless as dots —on a Disc of Snow—


216
A l'abri dans leurs chambres d'albâtre—
Insensibles à l'aube—
Insensibles au jour—
Reposent les membres dociles de la Résurrection—
Poutre de satin —et toit de pierre—
Splendides vont les ans —dans leur croissant— au-dessus d'euxLes mondes creusent leurs arcs—
Et les firmaments —voyagent—
Les diadèmes —tombent —et les doges —se rendent—
Sans bruit comme des points —sur un disque de neige—

(traduction de Charlotte Melançon, in http://id.erudit.org/iderudit/31022ac)





DU CADRATIN

Énergique et volontaire et force : La Syntaxe




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