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mardi 10 janvier 2012

Le 12 septembre 2011, un passage sur le blog sur lequel est publié le carnet-brouillon du poète avec un décalage de quelques semaines indique, aux dates des 17 à 19 mai 2011, 1 commentaires, d’une mystérieuse Entrebrumes : « Entrebrumes a dit… N’est-ce pas plutôt accéder par cheminement intellectuel à des micro-satisfactions d’écriture, qui propulsent l’ego – ici considéré dans un sens positif – à entreprendre l’énergie du désespoir ? » Entrebrumes a raison de signaler la recherche d’une série de micro-satisfactions, qui non pas flatteraient l’ego mais le renforceraient contre la permanence de la lucidité de vivre. La question implicitement soulevée par Entrebrumes est celle de la destination de nos écrits d’écrivains. Écrire de conduite et d’esprit libre afin de donner figure au point N, le point Néant ? Peut-on écrire pour rien ? Sinon pour alimenter le désespoir actif dans lequel se puise énergie et vaillance ? Ce semble affirmatif : le désespoir conscient et ausculté, quand il n’est pas extrême et définitif, est une souffrance pensée, et si pensée il y a, il y a énergie : : : : on pense par désespoir. Il y a désespoir parce qu’insaisissabilité de sa cause ; c’est une énergie permanente. C’est pourquoi l’ego est propulsé avanti, en quête d’énergies renouvelantes du sur-vivre : sur-vivre pour poser la mort dans sa langue d’invention. Ce dire est trouble.

Dans un courriel à réaction à un post du blog (« (… le reste, le socio-être, n’est que de la vie humaine) ( : : : : être humain n’est rien) », J. réagit, écrit au poète : « Le socio-être n’est-il pas l’essence de la voix ? Sinon cette voix/voie ne serait-elle pas le produit d’inspiration ? » Non pas le socio-être, aurait-il fallu écrire, mais le « socio-lettre », l’homme de lettre, des Lettres. L’œuvre d’art surpasse l’homme, voilà pourquoi cette phrase au semblant polémique ; elle survit à l’individu ; « c’est là le privilège de l’activité artistique : ce qu’elle produit, même un dieu souvent doit l’ignorer » (in Le livre à venir).


Le 13 septembre 2011, continuer l’écriture de cet ensemble-en-construction quand la résidence effective est achevée, la prolonger de cette manière-ci par la publication sur le blog hébergé par l’association Les Rias de l’ébauche-brouillon d’un livre à venir, donne le sentiment au poète d’évoluer dans un no man’s land étrange ; où le mental se pose dans la distance séparant le lieu de résidence ardéchois et son lieu de vie et d’écriture, comme s’il lui fallait puiser l’énergie dans cet espace géographique mentalisé, pour faire l’apologie, contre vents et marées et contre l’étymologie du mot « travail » et contre une vision réduite au socio-professionnel dudit mot et de sa notion, faire l’apologie du créateur en libre-travailleur, en travailleur non aliéné, en travailleur qui, au moyen de son travail d’écriture, combat l’aliénation mentale du novlangue libéral, de  la phraséologie nazie (« le travail rend libre ») tapie sous la phraséologie libérale (« le travail, c’est la liberté »), faire l’apologie du poète en tant comme travailleur ayant plaisir immense et paradoxal à son travail. Travailleur de l’esprit, que le poète, un « traveilleur ». Si on ne se détache pas de l’acception socio-professionnelle obligatoire du mot et de sa notion, ni de sa servitude volontaire à celle-ci, on ne pourra évidemment pas accéder à un autre entendement. Pourtant, le mot « œuvre », ayant trait aux activités de l’esprit, pour ce qui s’accomplit ou est accompli, étymologiquement, est opus : « travail ».

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