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mardi 29 novembre 2011

Le 13 juillet 2011, « De la citation » sera la prochaine « source d’inspiration » travaillée ; en vampire diurne : « sugcer la sustantificque mouelle », sucer le sang divin des écrivains ; être un « maitre-voleur » (Arno Schmidt).

Plus tard (le jour même).

Il faut rajouter à la liste du « trop » ceci qui fut oublié et qui relève autant de l’intention/du projet/dessein/désir que du vouloir-dire dans le poème « De la prose » et qui s’oppose à maints propos sur la prose comme cestuy-ci : « De la prose très prose, nette et plate, en noir, comme si je recopiais la vie » (Jean-Marie Gleize, Les chiens noirs de la prose, Seuil, 1990), où la prose est assimilée au prosaïsme (généralement souvent), or, le poète oppose un refus à cette idée, car il n’est qu’à lire :
Rabelais, La vie  treshorrificque du Grand Gargantua ; Pantagruel, roy des Dipsodes restitué à son naturel, avec ses faictz et prouesses espouventables ; Le Tiers Livre des faictz et dicts Heroïques du bon Pantagruel ; Le Quart Livre des faictz et dicts Heroïques du bon Pantagruel ; et Le Cinquième Livre des faictz et dicts Heroïques du bon Pantagruel  (?)
&
Laurence Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy.
&
James Joyce, Finnegans Wake.
&
Arno Schmidt, On a marché sur la lande ; La République des savants ; Scènes de la vie d’un faune ; etc.
&
Maurice Roche, Compact.
&
Frederike Mayröcker, brutt.

&c. et tant.

De la prose avant toute chose, loin des basses platitudes. (Où prose élève la poésie, tombée dans elle-même.) (Où prose transgresse et abolit les frontières, et sème un délicieux trouble.)


Le 16 juillet 2011, le poème « De la citation » a été écrit trop facilement, et la facilité est suspecte. Les poèmes devront être revus de fond en comble ; on ne peut que se méfier d’un poème qu’on pense achevé. Le grand désespoir des hommes est de ne pas être Dieu, autrement dit, immortels, aussi, le poète, en tant qu’ouvrier qui se voulait aussi Grand Ouvrier, que celui que les poètes de la Renaissance désignaient ainsi, (« Ouvrier des ouvriers », Du Bartas), aussi, le poète n’a d’autre alternative, afin de baigner dans l’illusion de l’immortalité, de tendre à la perfection, et ce pensant, par le re-travail d’arrache-langue sur le poème. Car il est un fondamental qu’il n’est pas nécessaire d’énoncer quand bien le lecteur aura compris que le poète ressasse cela, et ce fondamental se résume en ceci qui sera énoncé quand même que nul n’est poète inné, de naissance biologiquement, et si on évoque tantôt l’instinct poétique, cet instinct-là est intellectuel, le processus issu d’une cristallisation d’événements et de lectures réunis dans un instant fort, cristallisation portée en son acmé quand le poète en éprouve profondément la nécessité. De même que la prédestination ne concerne pas le poète en travailleur verbal qui, penché sur la page ou devant l’écran, lutte contre les poncifs d’antiquaires qui pèsent sur le mot « poésie » : le poète est un dynamiteur de poncifs ; le travail du poème est son plaisir et sa torture, voilà ce qu’il semble difficile à admettre et à faire admettre, et ce qu’admet parfaitement un poète absolument pas doué pour la poésie.

DE LA CITATION

Innutritif intuitif, l’héautontimorou-ménos poet est un vampire inquiet sugçant chez ses pères et pairs le sang noir sustantificque de l’immortalité transmissible par joye, ainsidoncques se métamorphose en Volonté de Puissance supérieure aux petits instants sans fonds littéraire et pénètre tout de go constamment dans l’immense épopée de toile de la livresque lutte contre le Temps, car maître voleur et plagiaire derrière l’éternel et profanateur des tombeaux (certes minuscules) de l’âme-livre et voleurs des feus et des vifs —



mercredi 23 novembre 2011

Le 11 juillet 2011, au final, ayant trop à louer du gigantisme de la prose, le poète ramasse le « trop » en peu, animé de l’intention que le peu soit chargé du trop, animé de réactiver le less is more qui n’est pas dans ses sollicitations d’usage ; le poème eût dû contenir :

$ L’impériale étymologie du mot « prose » (son étymon datant du latin impérial – qui couvre les Ier et IIe siècles après J.C., période marquée par des écrivains tels Tacite, Sénèque et Pline le Jeune, elle prolonge le purisme du latin classique, avec des tournures plus recherchées et plus affectées, et renouvelle le lexique profondément grâce à l’apparition d’une littérature scientifique, on vit alors apparaître des néologismes latins ou des mots puisés dans la source grecque –, et que le poète eût aimé utiliser dans une acception courante (: « supérieur par sa qualité, son importance, sa taille… »)

$ La définition d’origine de prosa : « forme de discours qui n’est pas régi par les lois de la versification » + un léger soulignement critique pour faire entendre une considération personnelle de quoi la prose est d’élaboration libre, non contrainte et soumise par et à des lois + des allusions à l’adjectif dont prosa est la substantivation, comme prosus, « qui va en ligne droite », dans prosa oratio, « discours droit ».

$ Quelques idées qui favorisent le goût du poète pour le poème par la prose comme :

@ le retour à la ligne comme progression régulière qui ne se précipite pas vers le bas de la page, et résiste à la chute, au contraire du poème en vers qui tombe vers le bas, de la page.

@ le vers contemporain n’est que prose au cours coupé, prose bestournée.

@ malléabilité de la prose.

@ attraction de l’avant : la pensée est en avant, et la prose la poursuit, et provoque une énergie constante.

@ allusions à des écrivains et à quelques-uns de leurs écrits, à Jean Tortel, Progressions en vue de (« Les livres sont ailleurs. Mais les fragments ou minutes interrogatives, hasards ou tentatives resteront là, accumulés comme des souvenirs. Peut-être aussi comme les indices d’une certaine progression, qui ne fut pas obsessionnelle mais qui reste dans ses propres ratures, revendicatrices. De l’un à l’autre des projets d’écriture, ou de leurs mystérieux échecs, elle devrait, très simplement, apparaître »), un livre éclairant dont le poète s’est inspiré ici, en accord, et en désaccord (« Accompagner le poème d’un commentaire ? Ce serait l’enrober dans ce dernier et sans doute le faire absorber par lui. Le lecteur, d’ailleurs, n’a que faire des origines d’une parole ! »)… Pourtant la question demeure, régulièrement posée : MAIS D’OÚ VOUS VIENT VOTRE INSPIRATION ? ; allusion à Rimbaud : « La Poésie ne rythmera plus l’action, elle sera en avant », allusion à Baudelaire et au qualificatif donné à ses « poëmes en prose » : « petits ». Mais devant la multiplication des allusions venant à l’esprit quant au vieux débat poésie (i.e. en vers)/prose, le poète s’est senti absorbé, si ce n’est englouti, par l’immensité de la tâche, et s’est obligé à renoncer. (Renoncer est parfois agréable, car cela soulage d’un auto-poids.)
9 Mais… « prose » est conduite en ligne droite jusqu’au retour en bout de ligne dont la longueur sera plus ou moins arbitrairement choisie, un allant progressif en vue de, car la pensée est en avant ; « prose » est souplesse tendue, ne tombe pas verticalement vers le bas de la page, est, de fait, faite par chacun et par tous, aussidoncques, « prose » c’est la vie.




DE LA PROSE

Du haut de son impériale naissance, prose recouvre la légende des siècles, des hommes et du vers —








vendredi 18 novembre 2011

Le 26 juin 2011, le poète est un scientifique, de lui-même : il (se) recherche ; il fait de la recherche dans la langue.


Le 28 juin 2011, le poète prend la décision du cinquième poème : « De la prose » : parce qu’il suivrait logiquement « Du bloc » : bloc et prose sont liés d’une même couture. Dans « De la prose » il faudra ne pas évoquer les raisons du choix du poème en bloc de prose ; pourquoi cette direction :

poème àproseà blocà poèmeà bloc àprose

ðpoème en bloc de prose

raccourci en :::

poème en bloc

(car prose va de soi ; le vers ne fait pas bloc)


Le 4 juillet 2011, le temps physique de résidence est achevé, le poète reprend sa présence, s’en absente et se présente autrement et ailleurs, il n’y aura plus de déplacements, à dessein résidentiel tout du moins, en Ardèche, mais présence néanmoins numériquement si ce n’est par la pensée par conséquence, car le travail entamé pendant la période effective de résidence se poursuivra jusqu’à la fin du contrat (oral et moral) qu’a établi le poète avec ses hôtes et lui-même (rappel : la décision arbitraire d’écrire vingt poèmes archi-méta-poétiques, au vingtième prendra fin l’ouvrage), la résidence devient dès lors une résidence numérique, puisque le blog-brouillon de travail mis en place pour sa circonstance, « Rêverie au travail », est accueilli en résidence sur le site de l’association hôtesse, Les Rias. Il importera par conséquence de quoi, jusqu’au terme, que le poète maintienne la pression sur lui-même afin de préserver le désir contenu dans la tension et qu’attention ni concentration ne se relâchent ; tout désir est tension sinon in-tension. Il faudra empoigner la matière verbale afin qu’elle ne s’échappe point, veiller à ce que la distance géographique ne se transforme pas en distance à l’égard de l’enthousiasmant travail entamé.


Le 6 juillet 2011, « De la prose » pose problème.


Le 7 juillet 2011, le travail en progrès dans la forme choisie du journal d’atelier des vingt poèmes en bloc à écrire et s’écrivant est mis en ligne sur blog, soit, mais au chapeau d’origine, le poète a tenu à rajouter cette précision qui n’est pas d’une moindre importance :::: « ce blog est considéré par son auteur comme un passage intermédiaire ; comme le brouillon public entre le brouillon manuscrit du carnet et le livre papier à venir », car de fait, le blog ne peut avoir, et n’a pas, l’aspect fini du livre, puisqu’il est possible à tout moment d’y apporter une modification, laquelle chose est impossible avec un livre, à moins d’une réédition ; un blog est infini car renouvelable constamment, il obéit, ce qui fait son intérêt, à la labilité humaine, à sa versatilité ; le livre oblige à une certaine radicalité, papier et numérique entament un dialogue sur le fini et l’infini. Blog-brouillon pour ce que la rature (fût-elle invisible) est la manifestation héroïque des luttes d’un auteur avec l’invasion de ses propres indécisions.


Le 8 juillet 2011, le poète au travail n’est ni le bourreau de lui-même ni sa propre victime et n’est plus à déclarer sombrement :

Je suis de mon cœur le vampire,
– Un de ces grands abandonnés,
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire ?

jeudi 10 novembre 2011

Le 24 juin 2011, après une matinée très-agréablement laborieuse, il se fait sentir la nécessité d’une marche ; édonc, son urgence. Car il faut au corps son expansion physique de ce qui fut dans l’esprit et augmenter encore le volume des sensations : en effet, l’expansion physique de ce qui fut dans l’esprit dans le bien-être du corps en mouvement de longue marche produit un afflux de sensations pensives. Le poète se rend dans un « village de caractère » loué par F. comme étant magnifique et « à voir ! » : par quoi il décide qu’une marche autour de Chalencon s’impose ; lisant, ce auparavant, ce qu’en dit le site internet municipal :  

Au coeur du Vivarais, pelotonné à 700 m d'altitude au flanc d'un cône rocheux, Chalencon domine à l'Est le plateau vernousain. A l'Ouest, ses terrasses de pierres sèches et ses châtaigneraies centenaires contemplent sereinement la profonde et sauvage vallée de l'Eyrieux, comme l'indiquent les 2 tables d'interprétation. Les paysages, le panorama ainsi que le patrimoine historique font de Chalencon un des villages les plus pittoresques du parc naturel des monts d'Ardèche.

A 45 minutes de Valence, et de Privas, au sein du Parc Naturel Régional des monts d'Ardèche, assis sur les pentes d'une montagne en forme de cône, Chalencon, village de caractère, aux maisons en pierres de granit, domine depuis son oppidum le plateau de Vernoux, les contreforts des alpes et du Vercors à l'Est et la vallée de l'Eyrieux à l'Ouest.

Les innombrables chemins de randonnée qui partent de Chalencon offrent au regard du promeneur des paysages sculptés au fil des siècles par l'homme, les sources et les rivières qui demeurent intacts de beautés et de couleurs.

Cette gentille prose à touristes n’encourage guère, sinon pas, le désir d’un arpentage pédestre approfondi afin que des pieds remontent les sensations tant attendues exposées ci-un-peu-au-dessus. Faisant fi, le poète néanmoins s’y rend ; de Vernoux à Chalencon la route serpente, et le paysage, à l’approche du village, laisse présager une marche profitable. Suivons le poète qui se rend à la mairie récolter quelque renseignement qui le mettrait sur un beau sentier, mais où l’employée, non sans un sourire condescendant, vous renvoie au syndicat d’initiative situé un peu plus haut, dans le vieux village, lequel est, le vieux village, très typé, calme, dont le poète ne verra guère âme vive, maisons en pierre et rues empierrées forment une harmonie plaisante à recevoir dans les yeux, d’autant que la propreté et l’entretien des lieux semble être une préoccupation municipale que le poète constate non sans saluer mentalement cet effort-là mais :

le syndicat d’initiative ouvre à 15 heures

L

Il est 14 heures. Il faut par conséquence de quoi laisser passer l’agacement primaire qui s’impose immédiatement au poète qui se dit, sans la moindre pitié contre des horaires si peu adaptés aux circonstances estivales quoiqu’ils fussent probablement adaptés aux heures de sieste des habitants de cette région, voire, qui se dit… mais nous ne trahirons point les méchantes pensées du poète à cet instant-même, qu’il oublie dès qu’il aperçoit un balisage jaune et blanc au coin d’une maison, décidant alors de suivre, à l’instinct, ce balisage-là, un sentier de PR ; il marchera en suivant les indications de son instinct. Il fera demi-tour après deux heures (l’instinct sera simplifié à son maximum, le lecteur le constatera). Suivre le PR signifie, présentement, monter encore, abruptement, quoi permet d’une part une meilleure digestion mais aussi, surtout, soyons moins prosaïque, de découvrir les lieux en tant qu’ancienne place forte, puis, parvenu en haut, dominant village et vallée, marcher sur ce qui pourrait être les vestiges de l’oppidum, très empierré et casse-cheville, où le poète fera cette rencontre saugrenue d’une femme très très court vêtue sur le bas, et très très serrée sur le haut, et, au bout des jambes, portant des chaussures à talons d’une hauteur défiant celle de la tour Eiffel, et qui, à son passage, lui demandera, non sans une pointe d’inquiétude peu dissimulée, et avant que le mâle, à chemise dépoitraillante et bedaine débordante portée par des mocassins de ville, ne la rejoigne, « c’est loin Chalencon ? », à quoi, non sans un immense sourire esquissé à l’intérieur de son enveloppe corporelle, le poète répondra, « non, c’est juste en bas… », ensuite de quoi, il reprendra sa marche en accélérant le pas afin de s’éloigner au plus vite de ces opportuns susceptibles de contrarier la montée des sensations attendues. Le poète marchera un peu plus de trois heures en suivant son instinct de rythme, et dans le désordre de la mémoire entrecoupée de grands laps de vide il retiendra l’excitante impression d’avoir repéré un couple de grands corbeaux, l’amusante rencontre d’un troupeau de chèvres au cœur duquel régnaient deux boucs barbus et aux couilles fort pendantes, l’horripilante apparition, une nouvelle fois, d’un chien aboyeur et menaçant, la quantité impressionnante de fétuque bleue, la tranquillité d’une maison isolée, la sereine passivité d’un ancien assis sur un banc, l’heureuse absence d’êtres humains, un superbe potager, l’étonnante abondance de merisiers, la belle découverte de deux coulemelles, l’imprévue venue de bribes ou d’amorces de pensées que les pas font revenir du fond du corps-pensant, une entêtante odeur impossible à identifier (qui serait, pourra-t-on apprendre grâce à M., celle des fleurs de châtaigniers), les succulentes fraises des bois cueillies sur une bordure et mangées. Quoique la marche soit linéaire, rien de ce qui la concerne ne peut être jugé comme linéaire, un constant coq-à-l’âne la détermine, pensées ou perceptions ; et celle-ci suivit une pente fabuleuse et aura voire remué le fond littéraire du poète ; le désir d’écrire doit être maintenu sous tension.
DU BLOC

Le poète, machine en ébullition spirométrique et pneumatique et figure filée de soi soufflée jazzement (longuement + nerveusement + musicalement) dans un bloc de concrétion littéraire forgé par ses soins pensés comme agent actif du mestier de scripturie, le poète transforme le poème d’intention en structure dynamique complexe et fête de l’Intellect et fait concrètement de lui l’allégorique Poème —