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samedi 22 octobre 2011

Le 13 juin 2011, il est décidé que le quatrième poème à écrire sera « Du bloc », arbitrairement. Le travail sur la décision évitera le grand déluge de rien ; « l’ancienne “inspiration” est devenue une coïncidence », écrit Jean Tortel, sans dire vraiment quelles choses sont mises en coïncidence. La pile de livres qui accompagnent le travail ci-exposé devient une petite pyramide instable :

Du lyrisme, Jean-Michel Maulpoix
&
Pourquoi la poésie, Fabrice Midal
&
Petits traités 1, Pascal Quignard
&
Petits traités 2, Pascal Quignard
&
Chercher une phrase, Pierre Alféri
&
Le Livre à venir, Maurice Blanchot
&
L’Espace littéraire, Maurice Blanchot
&
Comment une figue de paroles et pourquoi, Francis Ponge
&
Ego scriptor, Paul Valéry
&
Tel Quel, Paul Valéry
&
Progressions en vue de, Jean Tortel
&
Oswald de Andrade, Une poétique de la radicalité, Haroldo de Campos

La coïncidence naîtra des fouilles, en partie, intra-libros ; car le bloc, c’est la forme-énergie, le souffle de la cage thoracique nécessaire pour s’élancer.

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La forme ci-dessus figure n’importecommentement la cage thoracique, mais la figure, et le lignage, l’énergie-souffle contenue dans la cage-bloc au moment de l’écriture du poème ; autrement dit : poème en bloc (de prose (énergique (du souffle (tendu)))).


Le 19 juin 2011, Travail du poème d’Ivar Ch’Vavar vient augmenter le pyramide bringuebalante.


Le 21 juin 2011, et la difficulté à travailler le poème « Du bloc » qui doit être porté par l’idée d’Haroldo de Campos pensant le poème comme « structure dynamique », et contenir l’idée de souffle physique, de spirométrie du poème plutôt que pneuma (et sa spiritualité dénotative), parce que la spirométrie vise « à déterminer, de manière relativement simple, les paramètres de différentes capacités pulmonaires, les volumes pulmonaires et les débits d’air (inspiration, expiration) d’un patient », quand bien le poète n’est pas un patient, qui n’attend ni ne subit, c’est un impatient, prompt, actif, dominateur, l’agent grammatical du souffle de voix active ; il n’est pas écrit par, il écrit. Mais, spiromètre, il inspire du réel qu’il expire dans la forme qu’il a choisie. Ce souffle donne forme interne au bloc, le bloc est bloc de souffle, c’est pourquoi le poème en bloc est une forme-souffle aussi bien qu’une forme-rythme, une forme-voix, une forme-tension, une forme-intensité, une forme-complexe, tout à la fois et à chaque un peu de tout ça, tel poème insistera plutôt sur telle ou telle qualité, en présence des autres en ce pendant. Acceptons néanmoins une part de pneuma si la capacité respiratoire fait entrer la connaissance du monde par inspiration de l’air ambiant puis expose son entendement poétique du monde par expiration (d’après le principe d’Héraclite de la connaissance du monde par le souffle). Il faut donner une forme concrète au souffle vital, le poème ; si le poème est vital. Écrire comme on respire. S’il n’y a pas une forme concrète et solide pour contenir le souffle verbal du poète, le souffle se diluera dans l’espace ; fonction vitale de l’être humain est de respirer, fonction anormale du poète de rendre visuel le souffle,… travail de longue haleine ; car le respirant-poète se concentre sur sa captation essoufflée du monde, puis sur la mise en captation essoufflante du monde. Le poète est une machine en ébullition. Spirométrie est respiration concrète, physique ; pneumatique est respiration abstraite, intellectuelle.

Plus tard.

Le poète a entamé sa dernière semaine de résidence in situ, il est devant l’ordinateur, il écrit dans son carnet de résidence qu’il est devant l’ordinateur, la porte-fenêtre est grand ouverte, il fait beau, il fait doux, F. lui a hersoir donné son récit publié par l’association Les Rias, Les larmes de la foi, il réfléchit à son poème « Du bloc », et pense à sa lecture de Tel Quel, à partir de laquelle il a pris quelques notes suscitées par les réflexions de l’écrivain sur le verso de la dernière page de garde et qu’il recopiera, brutement, dans son carnet, il pense également à sa lecture d’un des Essais choisis de l’artiste suédois Öyvind Fahlström, qu’il a lu à cinq heures ce matin et qui s’intitule « Manifeste pour une poésie concrète » et contient un certain nombre d’éléments susceptibles d’infléchir légèrement sa réflexion, ou de confirmer certains de ses avis tranchés, voire de constituer de la matière pour un poème, dont cela : « Tout sauf l’indolente mollesse du moindre effort… ! », et : « le rythme est lié aux pulsations de la respiration, du sang et de l’éjaculation » (c’est le poète qui insiste dans le gras du texte).

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