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mardi 28 juin 2011


Le 4 mai 2011, le poète connaît les vicissitudes de la résidence numérique (un concept qu’il serait bon de développer, afin de coller à la modernité ?... s’il n’existe déjà…) ; et il faudrait à présent distinguer, dans cette prose qui défile, poète et poète, asçavoir, l’individu écrivant (en résidence) et le nom générique ; seulement comment dès ores mais distinguer le particulier et le général sinon par l’emploi de l’italique ? Et que signifiera cet emploi ? :

1. Autonyme ironique ?
2. Emphase de soi ?
3. Volonté d’écart ?
4. Ironie dirigée contre la gent vaticinatrice ?

Accordons-nous quelques instants de réflexion, et revenons au sujet qui nous occupait avant ce court aparté digressif mais qui surgit péremptoirement et dont il fallut rendre compte puisque bousculant le déroulement irrégulier de cette pensée qui active main et doigts aux commandes du stylo et du clavier, péremptoire sans être inopportune étant cela dit, où il était question de vicissitudes numériques provoquées par une informatique chronophage qui néanmoins comptent parmi les éléments constitutifs et primordiaux de la progression en vue du poème pressenti grâce aux citations de Nietzsche. Le poète (choix de l’autonyme ironisant et volonté de s’écarter de la gent vaticinatrice pour désigner l'individu au travail en résidence), le poète a oublié son ordinateur dans son bureau de Brocéliande et s’en est rendu compte après que le train fut parti de Rennes, lâchant, pour l’occasion, un très audible juron cambronnesque dans la voiture n°12 (note : dans un courriel, J. ironisera : ne pas accréditer la thèse du poète tête-en-l’air-rêveur édonc se contredire…) ; il travaille sur deux ordinateurs d’emprunt, n’a point ses repères, deux ordinateurs pour des raisons de compatibilité de clé Universal Serial Bus (qu’il n’a pas oubliée) et de réception wifi, naviguant ainsidoncques d’un poste à l’autre, d’une pièce à l’autre et dans un soleil matinal amoindrissant la contrariété et l’incommodité de la chose, vicissitudes dont la narration va être maintenant proposée au lecteur.

jeudi 23 juin 2011

Le 3 mai 2011, à sa table de travail, le poète n’a aucune idée de ce qu’il va écrire ; il va lui falloir forcer la paresse et le vide artificiel, forcer le passage, comme lors de ces jours salariés où l’envie de travailler fait grand défaut mais par quoi la contrainte oblige à ; ce dont il n’est autrement pour le poète, qui, se contraignant lui-même et par auto-discipline éprouvée, peut s’avancer dans ses retranchements. La matinée de travail ainsi se divise en trois temps :



- d’écriture dans le carnet : +/– 1 heure 30 (poème ou journal)

- de saisie sur ordinateur de page(s) de carnet : +/– 1 heure

- de mise en ligne (non quotidienne) : entre ½ heure et 1 heure



Valérie Rouzeau, depuis des mois, écrit un ou deux sonnets par jour, après de longs mois de panne d’écriture, et se glisse activement, alertement, énergiquement, édonc joyeusement, dans la contrainte formelle du 14-vers sonnétique : sans cette contrainte, c’est-à-dire par plongée dans ses propres affres au fond desquelles elle aura pu réparer la panne en découvrant qu’il lui manquait une assise solide pour écrire (LA POÉSIE EST AVANT TOUTE CHOSE AFFAIRE DE FORME), sans cette contrainte formelle, pourrait-elle se mouvoir et s’émouvoir d’écrire ? N’avait-elle pas nécessité de retrouver la forme, celle qui affleure souvent dans ses précédents livres, pour se lancer à l’aventure et dans la masse accumulée depuis des mois ?

:



« Je crois que l'inspiration existe même si l'idée que ça vienne des dieux m'agace, mais tu sais parfois ces images, et même ces vers comme "donnés", j'ai encore vécu ça hier, ne sais ce que c'est si pas l'inspir'. Mais je sais que je devrai tout retravailler, sauf le 1% donné (comme hier, déclencheur), et suis d'accord avec toi travailleur verbal ! Valérie »



Grâce divine, ou travail sur soi ? L’obsessionnel souci, qu’il faut marteler de questions.  Le poète Jean-Paul Klée, depuis 2000, écrit un ou deux, voire parfois plus, poèmes par jour destiné à son ami Olivier Larizza, auquel il porte un sentiment trouble ; la masse de poèmes représente, dit-il, huit à neuf mille pages : folie de celui possédé par les dieux de l’amour, par Eros et Calliope associés, ou accumulation et désir travaillés par les années et les aléas d’une vie mouvementée et engagée (désespérément engagée depuis sa radiation de l’Éducation Nationale pour avoir révélé des documents classés « secret défense » concernant les secrets de fabrication des établissements Pailleron), et  une maîtrise de langue et de soi qui confine à la précision orfévique ? La connaissance, la maîtrise, la réflexion, voilà quoi mène au poème. Ces deux poètes produisent une libération de la main parce que le corps a vécu la contrariété et parce qu’ils connaissent  parfaitement leur corps-pensant : ils écrivent sous leur propre contrainte, celle qui construit dans le même mouvement la femme, la poète, le poème, et l’homme, le poète et le poème. Le poète du 3ème millénaire travaille contre ce type d’assertion : « Aussi la poésie ne se veut pas. Elle ne se construit pas. Elle naît d’une inspiration dont elle a la garde… » (Frédéric Midal, Pourquoi la poésie ?, Pocket, 2010, lequel refuse d’opposer inspiration et travail) L’inspiration a une origine religieuse (la religion relie à Dieu, de religare, « relier »), le poème prétendu inspiré demeure cultuel.



Vates. Devin, voyant, prophète, poète (inspiré par les Dieux).

" de l’indo-européen commun *wat (« inspiré par dieu ») dont sont issus l’anglais wood (« fou »), le néerlandais woede (« fureur, colère »), l’allemand wut (« fureur »), l’alémanique wotan (« Odin »), le gaélique irlandais fáith (« poète »)… (Source : Wikipédia)

lundi 20 juin 2011

Le 1er mai 2011, à force de travailler, de la réfléchir, la forme poétique devient instinctive pulsionnelle : ce qui apparaît donné, ou spontané, est une mise en branle de l’intelligence instinctive pulsionnelle; à laquelle le poète veut donner forme (inscrite) sur la page ou sur l’écran, ou dans l’instant-performance, profondément ; qu’on fête le travail !

Le 2 mai 2011, (re)lecture dans le train de Nietzsche (Humain, trop humain) et lecture de Marc Cholodenko (Le Roi des fées), lectures, comme toujours, intéressées pour alimenter carnets & chantiers. À gauche, un homme dort et ronfle, en face, un homme et une femme (collègues de travail visiblement) se rendent à Hanoï (: provoquer le hasard ; regarder s’il y a de l’aliment poétique ; ou dans le défilé du paysage ; non, rien) ; or que dans les deux livres : oui + oui + oui…sources inépuisables de vie, beautés du déclenchement laborieux. La vie de l’esprit fait signe dans les livres, et « j’ai pas d’inspiration », dit une petite fille, qui essaie de dessiner, à sa mère, en lui tendant son dessin. À 20, il faut fixer à 20 le nombre de poèmes en bloc qui occuperont l’espace de cestuy livre. L’événement principal de la journée est la mort de Ben Laden, tué par un raid américain ; la décision, arrêt du travail à 20 poèmes, ne repose sur aucune justification subjective et sur aucune donnée personnelle, objective non plus, seul chaut l’arbitraire du chiffre rond, de même la perspective du livre, une projection en avant mêlant les données suivantes qui auront influé toutefois sur la décision du rond chiffre :

épaisseur prévue du livre à venir
+ durée de la résidence
+ possibilités de la concentration dans la durée
+ rythme du livre (prose de journal/poèmes en bloc)
+ anti-p(r)op(h)étisme
+ pensée du livre comme narration
+ maîtrise de l’effroi
+ nécessité de prévoir
+ nécessité de s’interposer contre le hasard

lundi 13 juin 2011

D’esquisses multiples, d’esquisses multiples, d’esquisses multiples !!!
D’esquisses multiples, d’esquisses multiples, d’esquisses multiples !!!
D’esquisses multiples, d’esquisses multiples, d’esquisses multiples !!!
D’esquisses multiples, d’esquisses multiples, d’esquisses multiples !!!
D’esquisses multiples, d’esquisses multiples, d’esquisses multiples !!!
D’esquisses multiples, d’esquisses multiples, d’esquisses multiples !!!
D’esquisses multiples, d’esquisses multiples, d’esquisses multiples !!!
D’esquisses multiples, d’esquisses multiples, d’esquisses multiples !!!

156. Encore l’inspiration
Quand l’énergie  créatrice s’est accumulée pendant un certain temps, quelque obstacle en ayant empêché le cours, elle se déverse à la fin dans un flot aussi soudain que si se produisait une inspiration immédiate sans aucun travail intérieur préalable, c’est-à-dire un miracle. C’est en cela que consiste l’illusion bien connue au maintient de laquelle sont peu intéressés, on l’a vu, tous les artistes. Le capital n’a justement fait que s’accumuler, il n’est pas tombé du ciel tout à coup. Il y a du reste une inspiration apparente du même genre en d’autres matières, par exemple dans le domaine de la bonté, de la vertu, du vice. (in Humain, trop humain)

La vertu de recopier ces pensées de Nietzsche aura provoqué l’élan vers le deuxième poème, et par conséquence l’aura activé, pour répondre à la question « D’où vous vient votre inspiration ? » : …« De l’énergie »…
(Marginalia : revisiter la notion d’inspiration chez William Carlos Williams)

Le 28 avril 2011, « Journal afférent » pour montrer et ouvrir, comment un poète fabrique et l’atelier du poète. Prétention de se prendre pour exemple.

(Marginalia : relire Sur la littérature et l’art de Marx et Engels ?)

jeudi 9 juin 2011

Le 15 avril 2011, le poète a mangé du chevreuil accompagné de crique ardéchoise cuisinés par M., et bu du Saint-Joseph, un côte du Rhône septentrional du nord-Ardèche.

Le 22 avril 2011, le poète se souvient du mot prononcé par F., du mot « bachas » (auge à cochons, ou par extension, assiette d’une personne qui mange de façon vorace et malpropre), d’où le verbe « bachasser, dira F., pour manger en éclaboussant… comme un cochon.

Le 24 avril 2011, insister sur la notion d’inspiration est une nostalgie des origines de la poésie, un vouloir revenir aux temps où les poètes étaient des stars du show-biz antique.

Le 26 avril 2011, il va falloir aller chercher le deuxième poème : rien ne se trouvera sans recherche et fouille et creusement et couture et sans volonté ; le poème est le produit fini d’une volonté de faire. L’ouvrier verbal doit actionner la machinerie interne ; activer sa conscience verbale et libérer l’accumulé stocké en un lieu du corps à la quête duquel il faut partir intérieurement. Nietzsche, une fois encore :

155. Croyance à l’inspiration

Les artistes ont quelque intérêt à ce que l’on croie à leurs intuitions subites, à leur prétendues inspirations ; comme si l’idée de l’œuvre d’art, du poème, la pensée fondamentale d’une philosophie tombaient du ciel tel un rayon de la grâce. En vérité, l’imagination du bon artiste, ou penseur, ne cesse pas de produire, du bon, du médiocre et du mauvais, mais son jugement, extrêmement aiguisé et exercé, rejette, choisit, combine ; on voit ainsi aujourd’hui, par les Carnets de Beethoven, qu’il a composé ses plus magnifiques mélodies petit à petit, les tirant pour ainsi dire d’esquisses multiples. Quant à celui qui est moins sévère dans son choix et s’en remet volontiers à sa mémoire reproductrice, il pourra le cas échéant devenir un grand improvisateur ; mais c’est un bas niveau que celui de l’improvisation artistique au regard de l’idée choisie avec peine et sérieux pour une œuvre. Tous les grands hommes étaient de grands travailleurs, infatigables quand il s’agissait d’inventer, mais aussi de rejeter, de trier, de remanier, d’arranger. (in Humain, trop humain)